Attale Joggerst Céramiste - Ribeauvillé - Alsace
Rencontre avec Attale Joggerst, céramiste à Ribeauvillé. Dans cette interview, elle nous parle de son parcours, de son métier et de ses créations.
Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel ? Comment en êtes vous arrivée à la céramique ?
J’ai commencé par un master aux Beaux-Arts. J’y ai beaucoup travaillé la sculpture et c’est là que j’ai découvert le travail de la céramique. Malheureusement l’école n’était pas équipée d’un atelier dédié à ce matériau, nous travaillions plutôt le ciment.
A la sortie de l’école, j’ai commencé par travailler dans le monde de la restauration avec toujours l’envie d’ouvrir mon propre atelier de céramique. J’ai alors débuté une formation de 1 an en céramique et c’est à Ribeauvillé que j’ai décidé d’installer mon atelier.
La céramique me permet de produire des objets pérennes, plus résistants que le ciment ou le plâtre et moins nocif que la résine.
Quel est l’aspect de votre métier que vous préférez ?
La question est difficile car j’aime absolument tous les aspects du métier de céramiste. Comme tout artisan c’est bien entendu la partie production. Il y a plusieurs étapes de travail et j’apprécie tout particulièrement celle du façonnage quand j’ai les mains dans la terre. Mais je ne pourrais pas choisir car j’aime autant émailler que façonner.
Quel est le processus de création d’un objet, du choix de la terre aux finitions ?
Je travaille souvent sans cahier des charges, simplement en jouant avec l’argile. Chaque geste va alors donner naissance à des formes. Pour se lancer dans un travail de série, il faut trouver des gestes qui nous plaisent pour les réaliser durablement. Pour ma ligne, j’utilise l’estampage et le moulage.
Combien de temps passez-vous sur un objet ?
Tout dépend des formes. Pour les bols, les assiettes, je fonctionne avec la technique du moulage qui nécessite un travail sur la création et la fabrication du moule, du gabarit, la recherche du modèle et le tirage en série. Pour des assiettes je peux sortir environ une vingtaine de pièces par jour.
En ce qui concerne les vases, les théières ou les pièces plus complètes, je peux passer jusqu’à une journée entière de travail sur une seule pièce.
De quoi vous inspirez-vous ?
Je pense que les mots qui définissent mes créations sont l’épure et la douceur que je cherche à avoir dans mes formes. C’est l’idée que je veux qu’elles transmettent.
J’ai une grande sensibilité et un rapport très fort à la nature et ses courbes, ses lignes organiques. L’art nouveau est également un courant artistique qui m’inspire beaucoup en termes de lignes et d’esthétique.
Comment créez-vous une collection ?
Il faut être très pragmatique. Je viens de l’univers de la sculpture et dans mon parcours l’objet fonctionnel est venu après. Cependant j’ai toujours eu cette envie du partage entre l’objet et l’homme. La sculpture se regarde mais ne se touche pas, l’objet du quotidien valorise quant à lui le travail par l’utilisation.
Des mots très simples permettent de résumer la création d’une collection : la déclinaison et la mise à l’échelle. Je travaille à partir d’une demi-coque et toutes mes créations découlent de cette base.
Quels sont les céramistes dont vous appréciez le travail ?
En ce moment, je suis très sensible au travail d’Ingrid Van Munster qui est installée dans le Tarn et qui a un rapport très simple à la céramique. Elle est très proche de l’artisanat et c’est ce qui me plait. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquels je me suis tournée vers la céramique, l’art contemporain est un milieu beaucoup plus sophistiqué et compliqué qui ne me ressemble pas.
J’ai également d’autres modèles, moins connus tels que Camille Spielberg, une de mes formatrices avec qui je me sens très proche de sa conception.
Attale JOGGERST
19, Grand Rue
68150 Ribeauvillé
En savoir plus:
https://ceramist.alsace/